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LES FOULES DE LOURDES

ne s’est travaillée elle-même », affirmait l’abbé Febvre, l’aumônier de la maison. Toujours est-il qu’elle était une âme délicieusement pure, lorsque le Seigneur la détacha du bouquet du cloître. Elle souffrit beaucoup avant de mourir. Les souffrances la desséchèrent, elle devint, raconte la mère générale, « si maigre que ses chairs étaient comme réduites à rien ».

Si l’on croit l’entourage des religieuses qui la soignèrent, son corps refleurit après sa mort, et le visage reposé se refit jeune et charmant ; pendant les trois jours qui précédèrent la sépulture, ses membres restèrent souples, les mains gardèrent leur couleur naturelle et l’extrémité des doigts demeura rose. De plus, on n’observa ni humeur, ni odeur, aucune trace de dissolution quand on l’inhuma dans une chapelle, dédiée à saint Joseph, et élevée dans le jardin même du couvent.

La Vierge lui avait tenu parole. — Elle ne l’avait pas rendue « heureuse en ce monde », mais Elle a certainement aussi tenu son autre promesse « de la rendre heureuse dans l’autre ».

Ajoutons maintenant que si la Libre-pensée ne voulut jamais admettre les révélations de la fille de Soubirous, l’Église de Tarbes ne fut pas moins méfiante qu’elle, dans les commencements et il n’est point de vexations que la pauvre Bernadette n’ait eu à subir de la part du clergé de Lourdes.