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LES FOULES DE LOURDES

être après cela regardés dans la ville comme des bêtes curieuses et ils partent sans mettre les pieds au bureau médical. — Ce qui prouve, entre parenthèses, que toutes les statistiques que l’on a voulu établir des miracles obtenus à Lourdes sont illusoires et inexactes.

C’est donc une question de plus ou de moins, et dès lors, que le bureau médical soit organisé d’une façon plus ou moins scientifique, peu importe ! au fond, sa véritable, sa seule utilité est ne pas perdre de vue, dans la vie, un certain nombre de miraculés dont il connaît les antécédents, qu’il a examinés aussitôt après leur guérison, qu’il examine encore, tous les ans. Si aucune récidive ne se produit, il peut alors se prononcer à coup sûr. Sans lui, aucune certitude ne s’impose. Personne ne peut, en effet, se vanter d’avoir vu un miracle à Lourdes, puisque bien des cures extraordinaires ne résistent pas à l’épreuve du temps et qu’il n’y a pas de miracle, au vrai sens du mot, si le mal n’a fait que s’endormir pour se réveiller après.

Et puis, en supposant même que l’on découvre un procédé de vérification plus sûr que celui des certificats, à quoi cela servirait-il ? La Vierge ressusciterait, demain, un mort que le camp des libres-penseurs crierait aussitôt, sur tous les toits, que cet homme était en léthargie, qu’il n’était pas trépassé ; il existera toujours, en effet, une sorte de