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LES FOULES DE LOURDES

procédure spirituelle qui permettra à des gens dont le parti est pris, de nier quand même, presque avec une certaine bonne foi, l’évidence.

Il y aura, ce soir, une petite procession ; peu nombreux, les patients tiendront tous dans la cuve du Rosaire. Je resterai simplement debout, derrière les voiturettes et les infirmes assis sur des bancs. Sauf le môme hollandais coiffé de son chapeau tyrolien vert et qui a toujours l’air d’une grenouille étendue sur le dos et les deux frères de l’Équateur dont la mère m’émeut, je n’ai plus de malades préférés dont je souhaite plus spécialement la guérison. Tous ceux qui sont rassemblés dans ce cercle sont des alités déjà vus à la grotte, des paralytiques et des tuberculeux, d’autres atteints d’affections invisibles que j’ignore.

Vers les quatre heures, je m’installe derrière deux fillettes du peuple, des flamandes pâles et bouffies qui sont assises, mais je hume, penché au-dessus d’elles, un fumet si fade, que je décampe. Les pauvres filles seront-elles libérées de ces maux cachés que cette affreuse odeur décèle ? — Je vais plus loin, à côté d’aveugles inodores qui prient.

Précédée, comme d’habitude, des suisses et des enfants de chœur, la processionnette arrive, en chantant des cantiques. Un évêque porte la monstrance, suivi par l’épiscope aux longs cheveux de