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LES FOULES DE LOURDES

le premier, érigé sur la terre, sous son vocable.

Depuis lors, les églises, dédiées à son nom, se sont propagées dans toutes les régions de l’Orient et d’aucunes, au Moyen Âge, furent si fameuses qu’elles attiraient, comme Lourdes maintenant, des pèlerinages venus du monde entier, deux surtout, Notre-Dame de Tartase où, dit Joinville, « Notre-Seigneur a fait maint beau miracle pour honorer sa Mère » — et Notre-Dame de Saidnaya où l’on vénérait le portrait de la Madone attribué à saint Luc.

Et de même que le culte de la fille de Joachim avait, dans le Levant, précédé le nôtre, de même le culte de l’Immaculée Conception y était solennisé par les Grecs dès le VIIIe siècle, alors qu’en Occident, l’on devait longtemps encore discuter la question de savoir si ce privilège pouvait être accordé à la Mère du Sauveur.

Enfin, nulle part, Marie n’a été révérée et choyée d’une façon plus persistante et plus magnifique que dans les liturgies de l’Orient. Les offices de ses différents rites débordent d’effusions, de cris d’enthousiasme, d’éloges enflammés auprès desquels nos prières officielles paraissent bien mesquines et bien froides. Outre les brûlants transports et les câlines hyperboles de leurs hymnographes et de leurs mélodes, leurs messes mêmes, à la fois si dramatiques et si familières, célèbrent ses louanges,