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LES FOULES DE LOURDES

des mirobolants pareils. Ce point une fois acquis, comme il était impossible de nier la réalité de faits vus et observés par des milliers de personnes, force fut bien de chercher de nouvelles raisons et l’on adopta cette théorie que les patients étaient des névropathes, exaltés par la Foi, qui se suggestionnaient, eux-mêmes, et guérissaient parce qu’ils avaient la volonté de guérir et la certitude qu’ils seraient guéris.

Pour que cette hypothèse eût des chances d’être exacte, il aurait été nécessaire que la Vierge n’expérimentât que sur des hystériques et des névrosés, sur des monomanes de la guérison, en un mot. Ceux-là peuvent sans doute recouvrer la santé, de la sorte : mais Elle supprime des phtisies arrivées à la dernière période, des cancers, des maux de Pott, des gangrènes ; Elle redresse des pieds-bots, rend la vue aux aveugles et l’ouïe aux sourds, traite toutes espèces d’affections, aussi bien les désordres organiques que les plaies ; à moins donc d’oser affirmer que les maladies dont souffre l’humanité relèvent, toutes, sans exception, d’un détraquement du système nerveux, l’explication demeure insuffisante.

Mais j’admets même cette théorie ; j’accepte que toutes les personnes atteintes de cancer et de gangrène et sauvées à Lourdes, l’ont été par suite d’une émotion morale, par suite d’une imagination surex-