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LES FOULES DE LOURDES

celui de Lucie Fauré, de Puylaurens (Tarn) qui, le 24 août 1882, persuadée de l’inefficacité des bains, ne se plonge dans la piscine que pour faire plaisir à ses compagnes et en sort délivrée instantanément d’une luxation du fémur dont elle était affligée depuis vingt-huit ans, les preuves existent de gens ne croyant ni à Dieu, ni à diable qui ont été pourtant, grâce aux prières des assistants, guéris ; tel ce mendiant aveugle de Lille, ce Kersbilck, qui ne mettait pas les pieds dans les églises et se moquait de la Vierge des Pyrénées !

D’autres enfin, qui ont la foi et qui n’ont rien reçu, alors qu’ils la fouettaient, qu’ils l’exaspéraient par des prières et des cris, à Lourdes, s’en retournent, ne comptant plus sur un miracle, et ils sont libérés, en rentrant chez eux !

Que devient dans tout cela la foi qui guérit de Charcot, la foi qui guérit, malgré ses désirs de ne pas guérir, l’Abbesse des Clarisses de Lourdes ?

Et puis que signifient toutes les remarques de Zola et des autres, affirmant que les malades sont hypnotisés par le décor, par le saisissement de l’eau froide, par les lumières de la Grotte, par le roulement des Ave ?

Les patients sont affranchis de leurs maux — et c’est la majorité maintenant — dans des coins, tout seuls, sans se baigner, sans boire d’eau, sans être bénis par le Saint-Sacrement, sans l’aide de