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LES FOULES DE LOURDES

suppliques communes, sans cet adjuvant des invocations qui a tant frappé Zola.

Il parle « du souffle guérisseur des foules » de « la puissance inconnue des foules ». Cette puissance dont le vrai nom est la prière est indéniable, mais, je le répète, elle n’est pas indispensable au salut des malades, pas plus d’ailleurs que le cadre et le milieu ; la preuve est que des gens recouvrent la santé chez eux, sans aller à Lourdes, en faisant tout bonnement une neuvaine ; l’histoire de Lasserre, pour en mentionner une, est, à ce point de vue, typique ; il se lotionne, à Paris, chez lui, avec de l’eau expédiée de la grotte et est soudainement exonéré de sa maladie d’yeux ; et d’autres encore, sans avoir même recours à ce procédé, obtiennent, sans bouger de leurs chambres, après une communion, en invoquant simplement la Vierge de Lourdes, des grâces identiques.

L’on est donc sauvé, ici ou autre part, avec ou sans le secours des autres, avec ou sans eau, d’un coup ou lentement.

Dans ce dernier cas, il semble que la Madone soit pressée, qu’Elle se contente de donner à la nature un tour de clef qui la remet en train et lui laisse le soin, maintenant qu’elle a repris sa marche, d’achever, elle-même, la guérison.

Et la même variété existe dans la façon dont se pratiquent les cures ; les uns souffrent en guéris-