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LES FOULES DE LOURDES

sant, et les autres pas ; les uns sont soulevés par un mouvement de flots et lancés sur leurs pieds, d’autres sont parcourus par des frissons ou sont ventilés par des souffles chauds ou froids, alors que d’autres n’éprouvent rien ; les uns se sentent guérir ; les autres, de même que Mme Rouchel, la femme au lupus, le sont, sans s’en douter ; d’aucunes enfin, telles que cette miraculée, gardent, une fois rétablies, des cicatrices, des marques de leurs ulcères, tandis que d’autres, telles que Marie Lemarchand, n’en conservent aucune ! Expliquez cela. — La vérité est qu’il n’y a aucune règle, que la Vierge guérit qui, où et comme Elle veut.

Jusqu’à ces derniers temps, nous l’avons dit, les incrédules répondaient au mot « Miracle » par les mots « Autosuggestion et Foi qui guérit ». À l’heure actuelle, presque tous les médecins libres-penseurs qui savent combien les effets de la thérapeutique suggestive sont restreints, avouent que ces raisons de l’imagination exacerbée et de l’hypnotisme exercé sur soi-même sont insuffisantes pour résoudre le problème de prodiges semblables, par exemple, à la suppression immédiate et définitive d’un cancer et ils ont cherché à se cantonner sur un terrain plus sûr ; mais il se sont, ainsi que toujours, bornés à baptiser la difficulté d’un nouveau nom et à trouver, afin de ne pas voir le miracle, une nouvelle pierre d’autruche pour se cacher la tête.