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LES FOULES DE LOURDES

Ces cures de Lourdes sont incompréhensibles, confessent-ils, oui, c’est entendu, mais elles sont dues « à des forces encore ignorées de la nature », elles sont « du merveilleux encore inexpliqué « et voilà tout.

Cela ferait donc deux forces opposées, contradictoires, car celles que l’on ne connaît pas sont la négation absolue de celles que l’on connaît ; nous voici, du coup, déjà en pleine incohérence. Ainsi, depuis que le monde est monde, il est certain, il est confirmé, chaque jour, par l’expérience, que la nature n’a jamais pu fermer une plaie, fût-elle d’origine nerveuse, en une minute, reformer un épiderme détruit, en une seconde, tarir, comme dans le cas de de Rudder, un foyer purulent et faire repousser un os, pendant le temps de dire une prière ; il est également établi qu’elle ne peut restaurer, en coup de foudre, sans l’ombre de convalescence, une économie ruinée par une longue maladie et des années d’inanition et voilà que, subitement, des forces ignorées interviennent et font tout le contraire.

Je le veux bien, moi ; mais alors il reste à savoir qui les dirige ces forces ; ce n’est pas nous, puisque nous ne les connaissons pas. Il faut donc que ce soit un être qui les connaisse, dont la science soit, par conséquent, supérieure à la nôtre. Or, cet être est invisible ; ce n’est donc pas un homme ou une femme ; c’est qui alors ?