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LES FOULES DE LOURDES

quin dont l’âme est putride — mais un brave homme qui n’a pas la foi ou qui l’a perdue, ainsi que tant d’autres, lorsqu’à la sortie du collège, il entendit les rumeurs grandissantes de ses sens ; s’il se rappelle les enseignements du catéchisme, il les juge enfantins, s’étonne presque de la naïveté qui lui permit d’y croire. Il constate, de plus, que les quelques catholiques pratiquants qu’il peut fréquenter sont plus bêtes que les autres — et ce qui est pis — ne sont pas d’une vertu supérieure à la sienne — et son siège est établi ; la religion est bonne pour les faibles d’esprit, pour les femmes et les enfants ; tout homme instruit et intelligent doit s’y soustraire ; il vit donc parfaitement tranquille, loin d’elle ; il dort en paix sur les deux oreilles de son âme et il s’amuse sans contrainte. Il est incapable d’une mauvaise action ; il est même, si l’on veut, charitable, mais il a, comme on dit, son petit côté faible, il aime la vie large et les femmes.

Et voici que brutalement il sait, par des gens au bon sens desquels il peut se fier, que la Vierge opère des miracles à Lourdes. Elle existe donc ! si Elle existe, le Christ est Dieu et, de fil en aiguille, il lui faut reconnaître que les enseignements de ce catéchisme, qu’il estimait si puérils, ne le sont pas ; c’est alors, l’Église et tous ses dogmes qui s’imposent…

Et c’est le trouble qui commence. S’il ecoute sa