Page:Huysmans - Les foules de Lourdes (1907).djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
34
LES FOULES DE LOURDES

d’une assurance acquise par des preuves internes ; n’en déplaise à ces caciques de la psychiatrie et à ces barbacoles entendus, qui ne pouvant rien expliquer, classent sous l’éliquette de l’autosuggestion ou de la démence, les phénomènes de la vie divine qu’ils ignorent, la Mystique est une science résolument exacte ; j’ai pu vérifier un certain nombre de ses effets et je n’en demande pas davantage pour croire ; cela me suffit.

Et voici cependant qu’en attendant l’arrivée des grands pèlerinages internationaux je suis, pour la deuxième fois, par suite de circonstances tirées de loin et presque indépendantes de ma volonté, installé, depuis des semaines déjà, dans cette ville.

Ce matin, il pleut comme il pleut dans ce pays, c’est-à-dire à seaux ; et, assis près de la fenêtre du cottage que j’habite sur la hauteur de la route de Pau, je regarde le panorama de Lourdes, au travers de mes vitres qui pleurent.

L’horizon, très court, est bousculé par des montagnes entre lesquelles poussent des touffes de vapeur blanche, alors qu’à des altitudes plus élevées, galopent des nuées charbonneuses et roulent des flocons fuligineux d’usines. La cîme de l’un de ces monts a l’air de fumer, tandis que le pic d’un autre, dégagé de ses nuages, paraît mort ; çà et là, des écharpes de ouate grise s’enroulent autour du col des plus basses collines et