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LES FOULES DE LOURDES

les stations du Calvaire, se dressent dans des clairières cernées de verdure, d’énormes croix.

Et derrière l’esplanade et ses pelouses, en bas des rampes, deux cloches à gaz, l’une, ripolinée au vert d’eau, l’autre teinte d’ocre jaune comme une porte de lieux, s’arrondissent, horribles ; ces tourtes de tôle contiennent, l’une, un panorama de Jérusalem, l’autre, un panorama de Lourdes.

Tout cela n’est pas très subjuguant, au point de vue de l’art et la cathédrale, perchée ainsi que sur une languette de roc, en l’air, ne l’est pas davantage. Mince, étriquée, sans un ornement qui vaille, elle évoque le misérable souvenir de ces églises en liège dont certaines devantures d’industries se parent ; elle relève d’une esthétique de marchand de bouchons : la moindre des chapelles de village, bâtie au Moyen Âge, semble, en comparaison de ce gothique de contrebande, un chef-d’œuvre de finesse et de force ; le mieux serait, malgré sa froide nudité, la double rampe de pierre qui conduit du bas de l’esplanade jusqu’à son portail, si elle n’était, elle-même, gâtée à son point d’arrivée, par l’affreux toit du Rosaire qui bombe sous les pieds de la basilique, un toit composé d’un moule colossal de gâteau de Savoie, flanqué de trois couvercles de chaudière, en zinc.

Vue d’où je suis, de côté, l’on dirait de cette rotonde avec ses deux rampes qui dévalent, en ondu-