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LES FOULES DE LOURDES

lant, de son toit jusqu’au sol, d’un crabe géant dont les pattes tendent leurs pinces vers la vieille ville.

Et, en bas de cette rampe, au-dessous de la basilique et le long du Rosaire, court, devant le lit du Gave, une large allée qui passe devant les piscines et la grotte et meurt, brusquement barrée par une colline sur laquelle sont tracés des lacets en forme d’M. Ils grimpent, par des sentiers plantés d’arbres, derrière la basilique et s’acheminent vers la résidence des Pères de la Grotte et la demeure épiscopale, situées à quelques pas du chevet.

Tout cela se décèle étique et gringalet, chiche et nain, car l’ampleur trop voisine des monts l’écrase ; mais l’indigence de ce décor préparé s’efface si l’on regarde le trou de feu, creusé dans le roc, au-dessous de la basilique même ; c’est une cave de flammes qui brûle sous son flanc ; l’intérêt de Lourdes est là.

La grotte ! enlevez l’inutile statue, nichée dans l’embrasure où la Vierge parut et l’envolée commence. L’on songe à l’amas de prières dont on s’est, avant son départ de Paris, chargé et on les lui présente, une à une, le mieux qu’on peut ; chacun a des guérisons ou des conversions de parents ou d’amis à demander et chacun déballe devant Elle le pauvre paquet des souffrances corporelles et des tortures morales qu’il apporta. C’est un grand si-