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LES FOULES DE LOURDES

on l’apporte à la Vierge médiatrice pour qu’elle présente, elle-même, au Père son Fils et qu’il intercède pour nous ; et cette intervention, elle peut également avoir lieu par le truchement moins valeureux des saints ; mais, il faut l’avouer, le culte de Dulie, tel qu’il se pratique dans la plupart des églises, est absurde. On offre, à certains saints, des cierges, en toute propriété, à titre de cadeau, pour eux ; on les honore ainsi par une oblation personnelle, si bien qu’on leur fait adresser des prières par le Seigneur, au lieu de les leur faire adresser au Seigneur, ce qui est dénué de sens.

À moins alors que l’on n’accepte la médiocre symbolique de saint Charles Borromée qui, ne voyant dans le cierge qu’une image des trois vertus théologales, assimile sa lumière à la Foi, sa forme à l’Espérance, sa chaleur à la Charité.

Dans ce cas, on l’allumerait devant une statue de célicole, afin d’obtenir, par son entremise, que le Sauveur développât en nous le ferment de ces vertus qui lèvent, contrariées par les levains du vice, avec tant de lenteurs et tant de peines.

Mais à Lourdes, un autre symbole plus vivant et plus pénétrant s’impose, le symbole de la communion des âmes si lucidement exprimé par le mélange de ces flammes.

Vraiment, si l’on y réfléchit, le spectacle de ces milliers de cierges en ignition est admirable !