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LES FOULES DE LOURDES

Quels navrements désordonnés et quels espoirs tremblants, ils recèlent ! de combien d’infirmités, de maladies, de chagrins de ménage, d’appels désespérés, de conversions, de combien de terreurs et d’affolements, ils sont l’emblème ! — Cette Grotte, elle est le hangar des âmes en transe du monde, le hangar où tous les écrasés de la vie viennent s’abriter et échouent en dernier ressort ; elle est le refuge des existences condamnées, des tortures que rien n’allège ; toute la souffrance de l’univers tient, condensée, en cet étroit espace.

Ah ! les cierges, ils pleurent des larmes désolées de mères et peut-être donnent-ils les simulacres exacts des douleurs qui les brûlent ; les uns, pleurant précipitamment, à chaudes larmes, les autres se contraignant, pleurant en de plus tardives gouttes ; et tous sont fidèles à la mission dont ils furent chargés ; tous, avant d’expirer, se tordent plus violemment, jettent un dernier cri de leurs flammes devant la Vierge !

Évidemment, il en est de plus éloquents que d’autres auprès de Dieu ; et, à n’en pas douter, les plus humbles sont les plus persuasifs ; ces prétentieuses colonnes de stéarine, achetées sur place ou envoyées par des gens riches, ont, en raison même du faste qu’elles affirment, le moins de chance, tout en priant plus longuement, d’être accueillies et certainement la pitié divine va à ces pauvres petits