V
n s’attache à certains malades que l’on ne
connaît pas plus qu’à d’autres que l’on
ne connaît pas davantage, d’ailleurs ; je
me répète cette réflexion en allant faire, ce matin,
ma visite à l’hôpital. Ces préférences ont des causes
multiples, quasi inconscientes, pour la plupart.
Certainement, la pitié s’émeut, plus forte, pour ceux
que l’on voit le plus souffrir ou qui sont férus d’affections
plus rebutantes ; le souvenir de ceux-là
vous hante, en effet, alors que tant d’autres infirmes,
aux aspects moins imprévus, passent, sans
qu’on y prête attention, en cet étonnant kaléidoscope
de maux qui ne cesse de tourner dans cet
hôpital où constamment des moribonds en remplacent
d’autres. Il est bien évident aussi que l’on se
sent, qu’on le veuille ou non, plus attiré vers une