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LES FOULES DE LOURDES

de m’asseoir auprès de lui et il continue de causer placidement avec une jeune fille d’allure un peu bizarre, une paralytique qui déclare avoir été guérie, miraculeusement, ce matin, après un premier bain. Elle ne fait pas partie d’un pèlerinage, ne possède aucun certificat de médecin, rien qui renseigne sur ses antécédents ; elle est d’ailleurs pleine de réticences et se tait sur l’origine de son mal ; mais elle a affaire à un homme patient qui l’incite à se contredire, qui lui dit : « Voyons, vous avez dû suivre tel traitement, éprouver tel et tel symptôme, et peu à peu, il finit par lui extirper la vérite, par lui faire avouer qu’elle est sujette à des attaques et qu’il faut alors quatre hommes pour la tenir, et le docteur sourit, la congédie avec de bonnes paroles, et me dit : « C’est de la fausse monnaie. »

Et d’autres passent, des améliorés, mais non des guéris. — Voyons, marchez un peu sans vos béquilles. — Et l’homme essaie quelques pas dans la pièce et s’arrête, épuisé, alors qu’on lui tend une chaise. On lui demande alors combien de temps il doit rester à Lourdes et on l’invite à revenir, avant son départ, pour un dernier examen.

Et ainsi de suite ; l’on peut vraiment attester que le bureau des constatations ne pousse pas aux miracles, car toute affection qui peut provenir d’un détraquement du système nerveux est, de prime