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LES FOULES DE LOURDES

abord, écartée ; et quant aux autres, l’on ne se prononce réellement que quelques années après, alors que l’on a pu s’assurer que la guérison s’était maintenue. Malheureusement, ces habitudes de prudence ne sont pas celles de la presse ; elle prend justement le contre-pied de la clinique et, à propos de guérisons surnaturelles qui n’en sont pas, donne raison à la critique obligée de ne se baser que sur des comptes-rendus forcément inexacts. À en croire les correspondants des journaux catholiques venus pour assister aux pèlerinages, les miracles foisonnent ; c’est à qui en aura vu le plus. S’il en était ainsi, les inguéris seraient l’exception, et le vrai miraculé serait celui qui ne le serait pas !

— Connaissez-vous Mme Rouchel ? me demande le Docteur Boissarie. — Non. — Eh bien, je vais vous la montrer tout à l’heure, car elle est présentement à Lourdes et je l’attends, ce matin ; et il me rappelle, en feuilletant un dossier, qu’on lui apporte, le miracle avéré, certain, celui-là, d’un lupus guéri instantanément et qui n’a jamais reparu depuis l’année 1903, pendant laquelle eut lieu la guérison.

Je regarde le dossier avec lui ; il est bourré de rapports, de certificats médicaux ; cette femme, avant de venir ici, avait été examinée par tous les docteurs de la Lorraine, traitée par tous les spécialistes des maladies de la peau ; tous les certificats