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LES FOULES DE LOURDES

4 heures, au moment de la procession du saint Sacrement sur l’esplanade, elle ne veut pas se mettre sur les rangs des malades et elle se cache dans le Rosaire, vide, à ce moment-là, derrière le grand autel. Elle lisait, agenouillée, ses prières dans un livre de messe quand, la procession étant terminée, Mgr de Saint-Dié, qui avait tenu l’ostensoir rentre, pour le déposer dans le Rosaire. À ce moment, le bandeau qui lui voilait la figure se défait et tombe sur son livre qu’il macule de sang et de pus. Elle le rattache solidement, à l’aide d’un double nœud et, intimidée par la foule qui rentre à la suite de l’évêque, dans l’église, elle s’échappe et s’en va à la fontaine pour y prendre un peu d’eau. Elle était penchée sur le robinet, lorsque le bandeau se détache encore ; un peu surprise, car elle était certaine de l’avoir très fermement noué, elle le rajuste et retourne à l’hôpital où elle se plaint qu’il ne tienne pas et demande qu’on le lui applique avec plus de soin. On l’enlève et les deux personnes qui l’ont ôté poussent un cri : Vous êtes guérie ! — Elle n’y croyait pas ; il fallut qu’elle se vît dans une glace pour se convaincre qu’en effet le lupus avait disparu, comme par un coup de baguette, en une seconde. Le visage s’était réparé, le nez s’était restauré tant bien que mal, les trous des joues et du palais ouverts étaient bouchés ; les chairs s’étaient reconstituées d’elles-mêmes, spontanément.