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VOYAGES

Cette montagne n'a plus les dents de devant ; elle les a perdues par ses morsures sur les bois des temps passés, ou par le cours des siècles.

Elle est remplie d’expérience, a connu toutes les vicissitudes, les bonnes et les mauvaises ; elle les a poussées, comme les conducteurs des chameaux poussent ceux-ci, en chantant, les uns après les autres.

Sa marche est entravée, ses pensées se promènent dans ce qu’il y a d’étonnant en ses deux situations, celle du passé, celle du présent ou de l’avenir.

Pensive, elle fait silence et regarde en bas ; elle montre de la gravité et cache des mystères.

Comme si elle était attristée par l’asservissement où la tient la peur des deux menaces : de l’oppression et de l’abandon.

Que cette montagne mérite d’être, dès demain, en sûreté contre toute espèce de crainte, ou d’infortune, quand même toutes les autres montagnes de la terre devraient trembler sur leurs bases !

« Après cela l’auteur fait, dans son poème, l’éloge d’Abd-