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LEUR PAYS.

Les Ouahat (Oasis), situés au midi de Barca, sont mentionnés par El-Masoudi dans ses Prairies d’or[1].

Au sud de tous les lieux que nous venons de nommer, s’étendent des déserts et des sables qui ne produisent ni blé ni herbe et qui vont atteindre l’Areg. Derrière l’Areg se trouve le pays fréquenté par les Moleththemîn (porteurs du litham ou voile), vaste région qui s’étend jusqu’au pays des Noirs et consiste en déserts où l’on s’expose à mourir de soif.

L’espace qui sépare les pays à dattiers des montagnes qui entourent le Tell se compose de plaines dont le climat, les eaux et la végétation rappellent tantôt l’aspect du Tell, et tantôt celui du Désert. Cette région renferme la ville de Cairouan, le Mont Auras, qui le coupe par le milieu, et le pays du Hodna. Sur ce dernier territoire, qui est placé entre le Zab et le Tell, s’élevait autrefois la ville de Tobna. Il renferme maintenant les villes de Maggara et d’El-Mecîla.

La même lisière de pays embrasse aussi le Seressou, contrée située au sud-est de Tlemcen, à côté de Tèhert.

Le Debdou, montagne qui s’élève au sud-est de Fez, domine [du côté de l’ouest] les plaines de cette région.

Telles sont les limites méridionales du Maghreb. Quand à ses limites du côté de l’Orient, les opinions diffèrent selon le système qu’on adopte. Ainsi, il est reçu chez les géographes que la mer de Colzom [la Mer Rouge] forme la limite orientale du Maghreb. Cette mer sort de celle du Yémen [l’Océan indien] et se dirige vers le nord, en s’inclinant un peu vers l’ouest, et va aboutir à Colzom [Clysma] et Suez, où elle n’est séparée de la Mer-Romaine [la Méditerranée] que par une langue de terre que l’on peut franchir en deux journées. Cette extrêmité de la mer de Colzom est située à trois journées est du vieux Caire [Misr]. On voit que les géographes, en assignant la mer de Colzom comme limite au Maghreb, font entrer l’Égypte et Barca dans la circon-

  1. Voyez ci-devant, page 174. Dans la Biographie universelle, tome 27, M. de Saint-Martin a donné une longue notice d’El-Masoudi et de ses principaux ouvrages, mais il paraît s’être exagéré l’importance des Prairies d’or.
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