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HISTOIRE DES BERBÈRES.

scription de ce pays. Le Maghreb est donc pour eux une île dont trois côtés sont entourés de mers. Les habitants du Maghreb ne regardent pas ces deux contrées comme faisant partie de leur pays ; selon eux, il commence par la province de Tripoli, s’étend vers l’Occident et renferme l’Ifrîkïa, le Zab, le Maghreb central, le Maghreb-el-Acsa, le Sous-el-Adna [citérieur] et le Sous-el-Acsa [ultérieur], régions dont se composait le pays des Berbères dans les temps anciens.

Le Maghreb-el-Acsa est borné à l’est par le Molouïa ; il s’étend jusqu’à Asfi, port de la Mer-Environnante, et se termine du côté de l’Occident[1] par les montagnes de Deren. Outre les Masmouda, habitants du Deren, lesquels forment la majeure partie de sa population, il renferme les Berghouata et les Ghomara. Le territoire des Ghomara s’arrête à Botouïa, près de Ghassaça. Avec ces peuples on trouve une foule de familles appartenant aux tribus de Sanhadja, Matghara, Auréba, etc. Ce pays a l’Océan au couchant et la Mer-Romaine au nord ; des montagnes d’une vaste hauteur, amoncelées les unes sur les autres, telles que le Deren, le bornent du côté du midi, et les montagnes du Téza l’entourent du côté de l’est.

Il est à remarquer que les montagnes sont, en général, plus nombreuses dans le voisinage des mers que partout ailleurs : le pouvoir divin qui créa le monde ayant adopté cette disposition afin de mettre un fort obstacle à l’envahissement des flots. C’est encore pour cette raison que la plupart des montagnes du Maghreb sont de ce côté.

La plus grande partie des habitants du Maghreb-el-Acsa appartient à la tribu de Masmouda ; les Sanhadja ne s’y trouvent qu’en petit nombre ; mais dans les plaines d’Azghar, Temsna, Tedla et Dokkala on rencontre des peuplades nomades, les unes berbères, les autres arabes. Ces dernières, qui appartiennent toutes aux tribus de Djochem et de Rîah, y sont entrées à une

  1. Ici Ibn-Khaldoun suit l’idée de plusieurs géographes arabes qui regardaient la côte occidentale de l’empire actuel de Maroc comme s’étendant d’Orient en Occident. Léon l’Africain a commis la même erreur.