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HISTOIRE DES BERBÈRES.

grand fleuve appelé, encore aujourd’hui[1], le Guîr, qui se dirige vers le midi, en dérivant un peu vers l’Orient. Après avoir coupé l’Areg et traversé successivement Bouda et Tementît, il se perd dans les sables, auprès de quelques autres bourgades entourées de palmiers, à un endroit nommé Regan. C’est sur cette rivière que s’élèvent les bourgades de Guîr.

Derrière l’Areg, et à l’orient de Bouda, se trouvent les bourgades de Teçabît, ksours qui font partie de ceux du Sahra. Au nord-est de Teçabît sont les bourgades de Tîgourarîn dont on compte plus de trois cents ; elles couronnent le bord d’une rivière qui coule de l’ouest à l’est. Ces localités renferment des peuplades appartenant à différentes tribus zenatiennes.

Le Maghreb central, dont la majeure partie est maintenant habitée par les Zenata, avait appartenu aux Maghraoua et aux Beni-Ifren, tribus qui y demeuraient avec les Medîouna, les Maghîla, les Koumïa, les Matghara et les Matmata. De ceux-ci le Maghreb central passa aux Beni-Ouémannou et aux Beni-Iloumi, puis à deux branches des Beni-Badîn, les Beni-Abd-el-Ouad et les Toudjîn. Tlemcen en est maintenant la capitale et le siége de l’empire.

Immédiatement à l’orient de cette contrée, on rencontre le pays des Sanhadja, qui renferme Alger, Metîdja, Médéa et les régions voisines jusqu’à Bougie. Toutes les tribus [berbères] qui occupent le Maghreb central sont maintenant soumises aux Arabes zoghbiens. Ce pays est traversé par le Chélif des Beni-Ouatîl, grand fleuve qui prend sa source dans la montagne de Rached, du côté du Désert. Il entre dans le Tell en passant par le territoire des Hosein, et se dirige ensuite vers l’ouest, en recueillant les eaux du Mîna et d’autres rivières du Maghreb central ; puis il se jette dans la Mer-Romaine, entre Kelmîtou et auprès de Mostaganem.

De la même montagne qui donne naissance au Chélif, c’est-à-dire du Mont-Rached, une autre rivière descend vers l’Orient et

  1. Ces paroles indiquent que le Guîr s’appelait du même nom dans les temps anciens. Il paraît être le Ger de Pline.