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vérité, je crois que, pour bien connaître un chef-d’œuvre, c’est au piano qu’il faut l’entendre. Vous êtes de mon avis, je le sais. Vous voyez que je me dore la pilule et que je me console, comme je peux.

J’espère que vous et votre excellente femme, vous vous portez bien, ainsi que vos enfants, vos beaux enfants. Je vous vois chez vous, dans votre bonheur intérieur, avec le souvenir de nos bonnes petites soirées, la Sonate pathétique que l’on disait si bien, et tant d’autres, et le bon M. Roger et ses autres amis, et notre cher M. Defresne. Dites-leur bien comme je les aime et comme je les regrette… J’espère, cher ami, que les choses vont pour vous, selon votre désir. Tachons de nous trouver heureux dans notre position, pour traîner le poids de la vie à laquelle nous sommes condamnés. Il n’est pas qu’elle ne soit, par-ci par-là, semée de quelques fleurs. Jouissons-en, sans trop nous inquiéter de l’avenir. Mais, j’ai beau prêcher, n’est-ce pas ? Vous êtes, comme moi, nerveux, bilieux, impressionnable, malheureux par conséquent. Enfin, soyons ce que nous sommes ! Si les souhaits, cher ami, y peuvent quelque chose, recevez les miens pour tout Ce qui pourra vous rendre le plus heureux, dans votre chère femme, dans vos enfants, et rappelez-vous quelquefois, votre bien affectueux et bien sincère ami,

(Fonds Delaborde).

INGRES.

Les pièces suivantes ont été communiquées par la Direction des Beaux-Arts à M. Henry Lapauze pour Les Dessins d’Ingres au Musée de Montauban.

À M. le Ministre de l’Intérieur.

Rome, le 17 mars 1835.
Monsieur le Ministre,

J’ai reçu la lettre du 7 février dernier dans laquelle Votre Excellence m’annonce que, par arrêté