Page:Isaac Newton - Principes mathématiques de la philosophie naturelle, tome2 (1759).djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
17
DE LA PHILOSOPHIE NATURELLE.

SCHOLIE.

Nous avons appellé juſqu’ici la force qui retient les corps céleſtes dans leur orbite force centripéte. On a prouvé que cette force eſt la même que la gravité, ainſi dans la ſuite nous l’appellerons gravité. Car la cauſe de cette force centripéte, qui retient la Lune dans ſon orbite, doit s’étendre à toutes les planettes par les Regles 1. 2 & 4.

PROPOSITION VI.  THÉORÉME VI.
Tous les corps gravitent vers chaque planette, & ſur la même planette quelconque leurs poids, à égale diſtance du centre, ſont proportionnels à la quantité de matière que chacun d’eux contient.

Tous les corps deſcendent vers la terre dans des temps égaux (en faiſant abſtraction de l’inégale rétardation cauſée par la petite réſiſtance de l’air) c’eſt ce que pluſieurs Philoſophes avoient déjà obſervé, & ce qu’on peut connoître avec préciſion par l’égalité des temps dans leſquels ſe font les oſcillations des pendules. J’en ai fait l’expérience avec des pendules d’or, d’argent, de plomb, de verre, de ſable, de ſel commun, de bois, d’eau, & de froment. Pour y réuſſir, je fis faire deux boëtes de bois rondes & égales, j’en emplis une de bois, & je mis un poids égal d’or dans l’autre, en le plaçant auſſi exactement que je le pus dans le point qui répondoit au centre d’oſcillation de la premiere boëte. Ces boëtes étoient ſuſpendues à deux fils égaux de 11 pieds chacun, ainſi j’avois par-là deux pendules entierement pareils quant au poids, à la figure, & à la réſiſtance de l’air. Ces pendules, dont les poids étoient placés à côté l’un de l’autre firent des oſcillations qui ſe ſuivirent pendant un très-long-temps. Donc, la quantité de matiere de l’or, étoit à la quantité de matiere du bois (par les Cor. i. & 6. de la Prop. 24. du Liv. 2.) comme l’action de la force motrice ſur tout l’or à cette même action ſur tout le