Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/110

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Elle gagne le pavillon des « chambres particulières ». Un homme grisonnant, officier de la Légion d’Honneur, est devant elle :

— Eh bien, Docteur, ce pauvre tirailleur ?…

— Dans deux heures, tout sera fini.

— Ah ! je me hâte alors.

Elle s’engouffre dans une salle voisine. Son interlocuteur s’éloigne, mâchonnant entre ses dents :

— Digne cœur de Parisienne.

Cinq jours auparavant, on avait amené à l’hôpital un grand diable de Soudanais, ravagé par un obus.

Dans les rares accalmies de la fièvre qui le consumait, il disait, en ce jargon enfantin des héroïques Français d’Afrique :

— Pas bon ! Ya macache ! Ehr-Madou plis voir Anouma !

Comme il répétait cela pour la centième fois peut-être, Mlle Irène, visiteuse inlassable des blessés, parmi lesquels elle circulait comme une petite fée de Bonté, semant sur tous, mandarines, chocolats, douces paroles, Mlle Irène traversa la chambre du Soudanais. Celui-ci