dant il regarde éperdûment vers la voix. Une joie d’extase détend ses traits, Il retrouve le souffle pour bégayer :
— Ti, ti… pitit Anouma ?
— Oui, Ehr-Madou.
— Comment ti vini ici-près ?
— Grande pirogue. Sorcier a dit pour li chant di mort du tirailleur.
La figure du mourant s’illumine :
— Oui, ça bon… chant de mort !
Et la négresse chante. Elle évoque les vastes champs de millet ; les Tatas, dont les murailles crénelées rappellent les architectures d’Égypte, d’où, vinrent les migrations foulanis.
Ehr-Madou écoute, les yeux mi-clos, déjà à demi hors de la vie. Parfois il semble y rentrer et chuchote :
— Anouma, dis Ehr-Madou batti le lion.
Obéissante, elle célèbre l’exploit du chasseur.
— Anouma, dis les crocodiles nourri tout li village !
Elle rappelle les grandes battues sur les rivières !