Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/118

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deuils. Elle a vingt-trois ans et son cœur est mort, mort dans les plaines de Picardie, où André est tombé au champ d’honneur.

André. Elle s’arrête. De sa pochette, elle tire un papier froissé. Voici des mois qu’elle le relit sans cesse. Elle le déplie encore, elle semble lire, mais ses doux yeux bleus ne regardent pas les lignes que son désespoir a appris, comme une leçon de martyre :

« À Madame veuve Louise-Marie Alfaret,
Villa « Mon Bonheur »,
Saint-Aubin-sur-Mer (Calvados).

« Madame, avec l’expression du regret personnel que me cause la perte du lieutenant Alfaret, daignez agréer les condoléances attendries de tous les officiers du régiment. Qu’à votre douleur s’ajoute un orgueil. Alfaret a succombé glorieusement, ayant accompli tout son devoir. Nous ne le pleurons pas, nous saluons la mémoire du mort au champ d’honneur. Agréez, etc.

« Le colonel Sarvaire. »

Un orgueil ! C’est ce mot qu’elle ne com-