Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/122

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— Comment ?

— Puisque ma fiancée, qui m’aimait un peu, je crois, n’a plus le courage de vivre auprès de moi, je suis convaincu que mon infirmité éloignera toutes les autres.

— Ce n’est pas sûr.

— Mais si, à quoi bon se leurrer. Les autres, n’ayant aucune attache avec moi, n’auront pas de raison de s’en créer de toutes pièces. La conviction est pénible. Elle me fait timide. Elle détruit le rêve d’avenir à deux, elle me condamne à vivre seul.

Sa voix sonnait ferme, vaillante. Mais Louise-Marie sentait que l’âme vacillait chez le blessé.

Soudain, une exclamation :

— Quelqu’un !

Un mouvement a trahi sa présence. Il l’a vue. Elle ne veut pas que cet homme, dont elle a surpris la souffrance, croie à l’injure d’une curiosité banale. Loyalement, elle se montre, elle s’explique avec la hâte de se dire toute :

— Je m’étais arrêtée sans motif… J’ai entendu, oui ; mais j’étais digne de com-