prendre ; moi aussi, je porte un cœur mort.
D’une main qui tremble, elle reprend la lettre qui la fait veuve, veuve officielle. Elle la présente au lieutenant :
— Lisez, je vous en prie, lisez. Vous verrez… vous verrez !
Le vouloir de son geste est tel qu’il prend le papier, dont chaque pli raconte une tristesse. Il lit aussi à mi-voix, inconscient de prononcer les mots :
« Lieutenant Alfaret… officiers du régiment… glorieusement… devoir. »
Et puis il relève les yeux sur Louise-Marie, et de ses lèvres s’échappent, montées du fond de lui-même, ces paroles :
— Pauvre femme !
Ah ! comme il a dit cela ! Pour la première fois depuis la réception du billet fatal, la jeune femme a l’intuition que sa douleur a été comprise dans toute son immensité.
C’est de la reconnaissance qu’elle éprouve ; et puis, qui pourrait dire toutes les idées qui se mêlent dans le tourbillon de la pensée… Elles ne sont ni coordonnées, ni complètes ;