Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/146

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Sonia ?… Je m’approche. Stupeur ! Le piano se fait entendre. Je m’étonne. À travers une fenêtre du rez-de-chaussée, je glisse un regard dans le salon.

Les deux sœurs mutilées sont assises devant le clavier. L’une exécute la main droite, l’autre la gauche… ; et elles jouent, impeccablement cette fois…, Deutschland über alles

Je rêve : elles, les vaillantes Polonaises… ce chant de leurs bourreaux !

Mais à terre, quel est ce rectangle clair ?… Un matelas sur lequel est étendu un blessé, un mourant… Ah ! justice immanente, le commandant qui a ordonné le supplice est venu expirer chez ses victimes, et les sublimes filles de pardon versent sur l’angoisse du départ le baume du chant national !

L’air s’arrête brusquement. Nèje et Sonia se sont levées, un émoi sur le visage. Elles s’inclinent devant la couche de l’ennemi et quittent le salon. Leur bourreau n’est plus.

Quand, tout à l’heure, j’ai salué les douces martyres, j’ai été sur le point de ployer les genoux.