Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/184

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Désillusion cruelle, Leppertach n’était pas là. Une heure elle attendit sans qu’il parût.

Alors, une terrible angoisse l’étreignit. Cet homme s’était-il joué d’elle, la fuyait-il après lui avoir ravi le pur trésor de son cœur ?

Son cœur ! Ah ! c’est à ce moment qu’elle sentit combien elle en avait ! Se venger, se venger ; voilà ce qu’il fallait faire, et cela sans tarder.

Elle leva les yeux, cherchant la vengeance. Elle l’aperçut à trois pas d’elle, sous la forme d’un homme de taille moyenne, les épaules larges, la face halée par la mer, éclairée par deux yeux noirs, qui brillaient en se posant sur elle ; un marin pour se venger d’un terrien ; ce serait superbe.

Sans hésiter, elle alla à ce personnage :

— Faites-moi danser.

— Avec plaisir.

Et se présentant :

— Cabiller, patron-armateur de la barque-goélette n° 23, pour vous servir, mademoiselle. Port d’attache : Hambourg, présentement amarrée à deux pas, sur le Havel.