— Par le vieux bon Dieu, comme dit notre empereur ; il y a de quoi empoisonner la garnison et ses réserves !
Dans le jardin, Marine et Rosa se sont étreintes nerveusement.
Dans un tremblement qui balbutie, elles gémissent :
— Nos maris !… Ils veulent empoisonner nos soldats !
Est-ce que la chose s’est passée ?… Est-ce qu’elle s’est passée comme ça ?
Pour savoir, il faudrait revivre cette nuit du 30 juillet ; il faudrait arracher le voile de rêve atroce qui est tiré entre cette nuit et aujourd’hui.
Qu’il est dur de se souvenir ! Cela nous fait le cœur lourd, lourd.
Allons, il faut ce qu’il faut.
Marine a agrippé le poignet de sa sœur. Irrésistible, elle l’entraîne dans la maison, dans le magasin. Elle la pousse sur une chaise.
— Reste là.
Rosa s’écroule. Elle grelotte ; elle est per-