Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/56

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L’hôte seul, M. Mesral, m’apparut insuffisant, distrait, absent. Je m’en ouvris à la fille de service qui, à ma grande surprise, rougit copieusement, murmura cette phrase sybilline :

Ils ont emmené Mme Mesral avec ses fillettes, Louise et Marie, douze et onze ans.

Son geste embrassa les hauteurs de la rive droite de l’Aisne, vers Saint-Médard, Saint-Paul, Saint-Gergues et Laon, puis elle me planta là, sur cette excuse :

— On m’appelle.

De nouveau, je suis enfoui dans la tranchée.

La nuit de relève et le lendemain, nous jouissons d’une tranquillité parfaite. Aucune attaque, pas de fusillade de l’ennemi. De temps à autre seulement, un vol d’obus, à destination de la malheureuse ville, passe au-dessus de nos têtes, avec un chant de sirène enrouée.

Dans des rafales d’ouest commence notre seconde nuitée. La pluie tombe. On n’entend que son bruissement. Le canon s’est tu.