Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/81

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Huit heures ; tout est noir, d’un noir d’encre. Le vent passe par rafales gémissantes que suivent des silences pesants.

La compagnie se rassemble sans bruit.

Près de moi, l’abbé Canet embrasse sa jeune sœur.

— Rentre, Francine… À quoi bon prolonger la petite tristesse de l’adieu…

Je veux couper court à l’émotion que je devine en eux. Je plaisante :

— À l’amende, mon cher aumônier. Adieu est un mot prohibé à l’armée.

C’est elle qui répond d’une voix grave :

— D’autant plus prohibé que nous sommes sûrs de nous revoir… ici ou là-haut.

Satanée petite fille. La foi qui s’exprime ainsi dans la nuit, en face de l’ennemi, est impressionnante.

Mais l’appel a été fait à voix basse. Personne ne manque. En route.

Cinq kilomètres parmi des sapins, que l’in-