Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/94

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— Je ne suis qu’une ouvrière, je parle comme je sais, n’est-ce pas… Il n’y a pas d’offense. Donc, le père et moi on vivait à Barjevo ; on chantait, on était heureux.

« Alors les Autrichiens sont venus, avec leur général Potiorek.

« Un lieutenant porte-drapeau s’est présenté chez nous.

« Avant la guerre, il était marchand de vins de Hongrie ; il traversait le pays quatre ou cinq fois par an… Je lui avais plu, mais lui ne me disait rien, si bien que je l’avais refusé.

« À présent, dans son uniforme ennemi, il ne roucoulait plus des choses de parfait amour.

« — Esclave serbe, me dit-il, jadis j’étais un simple négociant ; je suis devenu un vainqueur. Sois donc prudente, montre-toi aimable, ou sinon…

« J’ai crié mon dégoût pour les Autrichiens. Je lui ai montré la porte.

« Oh ! il est sorti.

« Seulement, il est rentré un peu après,