Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/96

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— Attendez, attendez, qu’elle reprend. Ah ! ah ! en Autriche, on donne des galons aux assassins… Le lieutenant s’est moqué de moi, le jour même. Il a ricané :

« — Ton obéissance, esclave serbe, a retardé ton père, mais ne l’a pas sauvé. Il aurait fallu commencer comme tu as fini. On va revenir au fouet.

« Le père, du coup, a sauté sur son vieux fusil de chasse… Une détonation… et la tête éclatée, il roulait par terre.

« Mourir sans souffrir, il a eu raison. »

Elle chancelait, comme si elle allait tomber. Le colonel, qui avait de grosses gouttes d’eau dans les yeux, la baisa au front :

— Courage, courage…

— Merci, murmura-t-elle, merci… J’ai vengé la maison… Le poison… Le lieutenant mort, j’ai volé le drapeau pour vous l’apporter à travers leurs lignes… Je crois que ça vaut le mal qu’ils nous ont fait.

— Oh ! cria le colo, je signalerai au grand quartier général, et la croix de Kara-Georges…

Elle lui coupa la parole.