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Hommes libres. — C’est la caste du peuple qui n’a d’autre fortune que sa liberté, quand il n’est pas obligé de l’engager pour dettes. Le peuple ne possède rien, ou à peu près, et supporte toutes les dépenses du Roi. Il est soumis aux Mandarins contre qui il n’a guère de recours. Aussi les hommes du peuple sont-ils obligés de prendre un patron choisi parmi les Mandarins de Pnom-Penh. Cet usage, qu’on nomme Komlang, fait songer aux leudes des Germains et des Francs de Clovis.

Plus le Mandarin est puissant et plus le Komlang est efficace, car il y a peu à craindre des poursuites d’un autre mandarin moins puissant que celui qu’on a pour patron. Il est vrai que le Komlang coûte cher, car le quart de l’impôt de capitation revient au Mandarin, qui exige en outre de ses clients une foule de petits services et se fait escorter par eux en public.

Esclavage. — L’esclavage subsiste au Cambodge. Il est alimenté par la chasse à l’homme, qui se fait encore au Laos et sur laquelle le docteur Harmand a donné des détails curieux. Les Cambodgiens achètent des esclaves aux Laotiens.

Les enfants jumeaux et infirmes de naissance, bossus, hermaphrodites, etc., sont de droit les esclaves du Roi. Les enfants des esclaves sont eux-mêmes esclaves, comme dans l’antiquité Grecque et Romaine. Les créanciers non payés deviennent les maîtres de leurs débiteurs insolvables. Ceux-ci peuvent être saisis, ainsi que leurs femmes et leurs enfants. Ils peuvent, il est vrai, se racheter en payant capital et intérêts, ou changer de maître s’ils en trouvent un nouveau qui veuille solder l’ancien.

Enfin, les coupables condamnés pour attentats contre la puissance royale, ou pour rébellion contre l’autorité du Mandarin, deviennent esclaves, ainsi que leur famille.