Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/211

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fermentées. Il diffère encore en cela du Sarrakholais, rigide observateur de la loi. Sans être brave, il aime pourtant la guerre ou plutôt le pillage, qui en est la conséquence naturelle chez tous ces peuples ; mais s’il rencontre une résistance sérieuse, il fuit sans vergogne aucune. Il vole surtout les femmes et les enfants qui circulent sans défiance autour des villages, pour les vendre comme esclaves. Un indigène adulte, voyageant seul et sans armes, n’est même pas en sûreté, et risque fort d’être appréhendé par deux ou trois malfaiteurs, qui le conduiront bâillonné à un village voisin pour être vendu comme esclave. Mais le Kassonké a le plus grand respect pour le Blanc, qu’il redoute. Il n’a pas, comme le Yolof, le Toucouleur, cette haine sourde et vindicative du Musulman contre le chien de Chrétien, sentiment qui a fait révolter la race Sarrakholaise, en pleine période de paix et de prospérité. Autour de Médine, en plein pays Kassonké, l’islamisme a bien fait quelques adeptes, mais ils sont peu fervents, et cette religion tend plutôt à y décliner. L’école du marabout n’est guère suivie que par les enfants des traitants Yolofs, établis en grand nombre dans ce poste pour le commerce avec le haut fleuve.

La jeune fille Kassonké. — Une fort jolie description de la jeune Kassonké a été faite dans le Roman d’un Spahi déjà cité, de Loti :


« Fatou-Gaye se chaussait d’élégantes petites sandales de cuir, maintenues par des lanières qui passaient entre l’orteil et le premier doigt, comme des cothurnes antiques. Elle portait le pagne étriqué et collant que les Égyptiennes du temps de Pharaon léguèrent à la Nubie. Par dessus, elle mettait un boubou, grand carré de mousseline ayant un trou pour passer la tête, et retombant en péplum jusqu’au-dessous du genou. Sa