Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/321

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pareil traitement ! Le mariage passé à la mairie et à l’église, on noce avec les voisins du couple, car un mariage ne va jamais sans une bonne noce. L’État, cependant, ne pousse pas la générosité jusqu’à en payer les frais. C’est la pudique fiancée qui se procure l’argent nécessaire. Elle a vendu, à l’avance, sa première nuit de noces à un amateur de vertus raccommodées. Les prix varient suivant la qualité de la chaste épouse. Ils se tiennent généralement dans les cinquante francs. À la fin du repas nuptial, c’est le mari qui vient conduire lui-même sa douce moitié chez l’acheteur, et, le lendemain matin, il vient la reprendre, heureuse et souriante, pour la reconduire au domicile légal. Je n’invente rien ; ce que je dis est connu de tous en Nouvelle-Calédonie, sauf de l’Administration, qui ferme les yeux pour ne pas voir. Et c’est avec de pareils sujets que l’on veut coloniser sérieusement ! Le transporté égratigne à peine la terre, se contentant de semer des haricots, du maïs, des citrouilles, du tabac, labeurs peu pénibles. En fait de champ, il fait surtout rapporter le champ conjugal. L’État a fourni la pâtée journalière : la femme procure les douceurs indispensables à ce ménage assorti. On devine ce que doit être l’intérieur de ces couples. Les injures, les coups du mari pleuvent, quand la femme n’est pas d’un bon rapport financier, et qu’elle a la fantaisie de se payer des galants à l’œil. Il joue quelquefois du couteau ; et le tribunal militaire intervient. D’autres fois c’est, au contraire, la femme qui empoisonne son mari, ou qui lui fait faire son affaire par un de ses galants. Les enfants, quand il y en a (et il y en a peu, fort heureseument) poussent à la diable au milieu de ces parents gangrenés, véritable graine de bagne et de lupanar !

Sodomie et pédérastie des transportés. — On ne sera pas étonné de trouver chez les transportés, hommes