Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/427

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lisme, ou pour faire face à des dangers toujours plus graves, elle tendra tous les ressorts et ira jusqu’à organiser partout la Terreur. Déjà, dans la Nièvre, Laplanche, Collot d’Herbois (qui avait, il est vrai, le goût de la déclamation et du théâtre) commencent à étaler la guillotine. Ils écrivent au Comité de salut public, le 22 avril :

« Les motions qui ont été faites à la Convention tendant à convoquer les assemblées primaires font aussi le plus mauvais effet. S’il passe un courrier extraordinaire, les malintentionnés crient qu’il a apporté le décret pour convoquer ces assemblées. Cette incertitude retarde toutes les mesures. Beaucoup de citoyens en état de s’équiper eux-mêmes marcheraient volontiers aux armées, mais ils croient le salut de la patrie plus compromis que jamais, si l’on convoquait les assemblées pendant l’absence de tous les patriotes. Enfin tous les mouvements ambitieux qui circulent aux approches des élections se préparent sourdement, les fonctionnaires marquants ont la perspective d’une nouvelle Convention dont ils se croient déjà membres ; ils donnent à leurs espérances, à leurs passions beaucoup de temps qui tournerait au profit de la république. »

Collot d’Herbois et Laplanche annoncent que « la guillotine est sortie du fourreau… L’exécuteur a fait son apprentissage sur cinq mannequins représentant Dumouriez, Valence, Chartres-Égalité et deux autres officiers de l’état-major de Dumouriez. »

À Castres, les représentants Bô et Chabot combattent le modérantisme.

« Dans la crise révolutionnaire où nous nous trouvons, s’écrie Chabot le 24 mars, il ne doit plus exister d’égoïstes et de modérés ; que tout ce qui n’est pas dans le sens de la Révolution sorte de la République ; qu’ils aillent à Coblentz, les biens des transfuges seront le partage de ceux qui versent leur sang pour la défense de la patrie. Si l’administration (municipale) eût été mal composée, nous l’aurions destituée. Au péril de notre vie, nous procurerons le bonheur du peuple. Il lui faut du pain, nous lui en procurerons. Il lui faut de l’or pour secourir les sans-culottes qui prodiguent leur sang pour la liberté, pour leurs femmes et leurs enfants, nous lui en procurerons. Nous venons enfin donner l’émétique au corps politique, le faire suer et le purger du venin aristocratique qui le ronge depuis longtemps. »

Et le 26 mars, Bô et Chabot soumettaient toutes les personnes suspectes à une taxe de guerre ; le 28, sur leur réquisition, l’administration du département demandait aux sociétés populaires la liste des fonctionnaires publics suspects ou qui n’auraient donné aucune preuve de civisme. (Voir Rossignol, Histoire de l’arrondissement de Gaillac.) Le 9 avril, Bô et Chabot arrêtaient que les directoires des départements de l’Aveyron et du Tarn feraient procéder au désarmement des citoyens suspects d’incivisme ; les aubergistes devraient donner à la municipalité la liste des étrangers logés par eux, et ceux-ci devraient montrer leur passeport à toute réquisition ; la garde nationale