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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/116

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il vous a prévenus de ne rien bâtir, de ne faire aucune dépense avec des ressources étrangères, mais d’y employer les vôtres. Pourquoi donc, laissant là ce qui vous appartient, mettez-vous en œuvre et dépensez-vous des biens étrangers, de manière à perdre à la fois et votre peine et votre salaire, et à subir les derniers châtiments ? Qu’il n’en soit pas ainsi, je vous en conjure, mais puisque nous sommes par notre condition, étrangers en ce monde, soyons-le aussi par nos dispositions, afin de ne pas être là-haut chassés avec mépris comme étrangers. Car si nous avons voulu devenir citoyens de ce monde, nous ne serons citoyens ni de ce monde, ni de l’autre ; si au contraire nous restons ici-bas comme étrangers, si nous nous y conduisons comme des étrangers doivent le faire, nous obtiendrons les franchises du citoyen, et dans ce monde et en l’autre vie. Car l’homme juste, ne possédât-il rien, vivra ici même au milieu des biens de tous, comme si ces biens étaient à lui, et quand il sera parvenu au ciel, il y verra ses propres tabernacles éternels ; même en ce monde il n’aura rien eu à souffrir d’humiliant ; car nul n’aura pu considérer comme étranger celui qui aura eu pour cité la terre entière ; et une fois en possession de sa véritable patrie, il y recevra les véritables richesses. Afin donc de gagner à la fois et les biens de ce monde et ceux de l’autre, usons comme il faut de ce que nous possédons. Car de cette manière nous serons citoyens des cieux, et nous y jouirons d’un grand crédit auprès de Dieu ; puissions-nous tous obtenir cette faveur, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec lequel gloire, puissance, honneur au Père, ainsi qu’au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XVII.


MAIS AFIN QUE VOUS EXCELLIEZ EN TOUT, PAR VOTRE FOI ET PAR VOTRE PAROLE, ET PAR VOTRE SCIENCE, ET PAR TOUTE ESPÈCE DE ZÈLE. (VIII, 7, JUSQU’A 15)

Analyse.


  • 1. Saint Paul évite tout ce qui pourrait ressembler à de l’importunité à l’égard des Corinthiens r il leur a cité l’exemple des Macédoniens, non pour rendre les Corinthiens jaloux, mais pour les engager à imiter les Macédoniens ; il stimule ensuite les Corinthiens par leur propre exemple. – Il commence par leur demander de faire l’aumône sans aller jusqu’à se gêner.
  • 2. Leur aumône rétablira l’égalité, tant des biens temporels que des biens spirituels. – C’est le fait de l’orgueil, de ne vouloir avoir besoin de personne. – Utilité des pauvres en ce monde.
  • 3. Les riches ont bien plus besoin d’autrui que les pauvres. – Ce besoin où nous sommes les uns des autres, est un effet de la sagesse divine. – Il ne faut jamais se lasser de faire l’aumône. – Faire aux autres ce que nous voulons qu’ils nous fassent, telle est la règle de conduite à suivre à l’égard du prochain.


1. Voyez encore comme avec des éloges il les excite à en mériter de plus grands. Il n’a pas dit : Afin que vous donniez ; mais : « Afin que vous excelliez par votre foi dans les dons de la grâce, par votre parole » pleine de sagesse, « par votre science » des dogmes, « par toute espèce de zèle » pour les autres vertus, « et par votre charité », cette charité dont j’ai déjà parlé, et dont j’ai donné la preuve. « Qu’ainsi vous excelliez également en cette dernière grâce (7) ». Vous le voyez, s’il commence par les louer sur les premiers