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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/161

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d’apercevoir quelqu’un de ses amis, de ses plus familiers, il n’a pas assez de confiance pour lui parler sur le ton de l’amitié ; c’est qu’il a peur que ses maîtres ne le fassent un peu déchoir de la hauteur de sa gloire. D’où il suit que, plus il est illustre, plus il est asservi. S’il lui arrive un malheur, l’outrage de la fortune est pour lui d’autant plus amer, que plus de témoins voient l’insulte, et qu’il semble que sa dignité en est atteinte ; et il n’y a pas là seulement un outrage, mais un désastre. Une foule de gens s’en réjouissent ; au contraire, dans le cas d’un bonheur nouveau, une foule de gens n’éprouvent que l’envie qui les irrite contre cet homme heureux, et le désir ardent de le renverser. Est-ce là du bonheur, dites-moi ? Est-ce là de la gloire ? Mille fois non. C’est de la honte, c’est de la servitude, c’est une chaîne, c’est tout ce qui peut s’appeler un fardeau. Si vous trouvez si désirable la gloire que donnent les hommes, s’il suffit pour bouleverser votre âme de voir cet homme que la foule applaudit, eh bien ! au milieu des applaudissements dont vous le verrez jouir, élancez-vous parla pensée vers la vie à venir, vers la gloire réservée à la fin des siècles ; et, comme on prend la fuite pour échapper à une bête féroce, comme on se précipite dans sa maison, dont on ferme les portes ; prenez alors de même la fuite, cherchez votre refuge dans la vie qui nous attend, dans la gloire ineffable que rien n’égale. C’est ainsi que vous foulerez aux pieds la gloire présente, que vous conquerrez sans peine la gloire divine, que vous jouirez de la vraie liberté, des biens éternels : puissions-nous tous entrer dans ce partage, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, la puissance, l’honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XXV.


MAIS, PUISQU’IL Y EN A QUI SONT SI HARDIS À PARLER D’EUX-MÊMES, JE VEUX BIEN FAIRE UNE IMPRUDENCE, EN ÉTANT AUSSI HARDI QU’EUX. (XI, 21, JUSQU’À LA FIN DU CHAPITRE)

Analyse.

  • 1. Encore sur la répugnance que Paul montre toujours à parler de ses œuvres, même quand il y est forcé. — Énumération de ses souffrances, de ses épreuves, de ses dangers.
  • 2. Il ne parle pas de ses miracles, mais seulement de ce qui fait paraître sa faiblesse.— Les souffrances de son âme, plus cruelles que celles de son corps, et provenant de sa charité.— De sa prudence, égale à son courage.
  • 3. C’est l’Église tout entière qui triomphe par ses œuvres, par ses vertus.— C’est un feu inextinguible ; c’est un feu qui convertit en sa substance tout ce à quoi il se communique. — Paul supérieur à David vainqueur de Goliath.— Exemples qu’il nous faut retirer de la vie et du caractère de Paul.


1. Voyez-le, ici encore, montrer sa répugnance, ses hésitations, voyez de quelle précaution il use. Et certes il ne s’est pas fait faute de dire, exprimant toujours la même pensée : « Plût à Dieu que vous voulussiez un peu supporter mon imprudence ! » et encore : « Que personne ne me juge imprudent, ou au moins, souffrez-moi comme imprudent » ; et : « Ce que je dis, je ne le dis pas selon Dieu, mais je fais paraître de l’imprudence » ; et : « Puisque plusieurs se glorifient selon la chair, moi aussi, je me glorifierai ».