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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/19

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sa force, s’il frappe son adversaire, nous l’admirons bien plus encore ; car alors nous avons la preuve de sa vigueur et de son habileté. Ainsi votre salut s’opère avec plus d’énergie, il se manifeste, il grandit, il s’étend par la patience et le courage au sein des afflictions. Ce n’est pas en maltraitant les autres, mais en supportant le mal qu’ils nous font, que s’opère notre salut. L’apôtre ne dit-il pas : « Qui opère ( ένεργούσης), mais : qui s’opère ( ένεργοομένης), pour montrer que la grâce de Dieu s’unissant à leur ardeur et opérant dans leurs âmes, leur procurait les plus grands avantages. « Nous avons pour vous une ferme espérance ». C’est-à-dire, quelles que soient vos souffrances, nous sommes sûr que les persécutions ne vous feront point chanceler. Bien loin de supposer que nos tribulations puissent vous jeter dans le trouble, nous nous persuadons que vous ne vous laisserez pas même abattre par vos propres malheurs. Voyez-vous quels fruits a portés chez eux la première épître du saint apôtre ! Il donne moins d’éloges aux Macédoniens, que parfois cependant il loue dans cette lettre. Il n’était pas sans crainte à leur sujet, et il leur disait : « Nous vous avons envoyé Timothée pour vous affermir et vous encourager dans votre foi, afin que personne ne se laisse ébranler par ces tribulations : « Vous savez que nous y sommes sans cesse exposés ». Et encore : « Plein d’inquiétude je me suis enquis de votre foi ; j’ai voulu savoir si le tentateur ne vous avait pas renversés, rendant ainsi notre travail inutile ». (1Thes. 3,2, 5)
Ce n’est pas de la sorte qu’il parle des fidèles de Corinthe ; au contraire, « Nous avons pour vous une ferme espérance. Si nous sommes consolés, c’est pour votre consolation et votre salut ; sachant bien que partageant nos souffrances, vous partagerez aussi notre consolation ». C’est à cause d’eux en effet que l’on persécutait les apôtres, et c’est ce qu’il veut leur faire entendre par ces paroles. « Si nous souffrons, c’est pour votre consolation et votre salut ». Il veut leur montrer aussi que c’est à cause d’eux qu’ils sont consolés. Ne l’avait-il pas dit plus haut en termes plus obscurs : « Béni soit Dieu qui nous console dans toutes nos tribulations, afin que nous puissions à notre tour consoler ceux qui sont plongés dans l’affliction ». Il le redit maintenant avec plus de clarté, et ses paroles respirent la tendresse : « Si nous sommes consolés, c’est pour votre consolation ». Comme s’il disait : Notre consolation, c’est aussi la vôtre, et nous n’avons pas besoin de parler pour consoler vos cœurs. Il suffit que nous respirions pour que vous repreniez courage. Vous regardez nos malheurs comme étant les vôtres ; et nous ne pouvons être consolés, sans que vous le soyez aussi. Non, puisque vous partagez mes souffrances, vous devez partager ma joie et mon bonheur. Vous vous associez à tout ce qui me concerne, à mes douleurs et à mes consolations ; et dès lors je ne crains point que vous me reprochiez d’avoir tardé si longtemps : car c’est pour vous que nous sommes affligés, et c’est pour vous que nous sommes consolés. On eût pu se blesser de cette parole : C’est pour vous que nous souffrons ; aussi a-t-il soin d’ajouter : « C’est à cause de vous que nous sommes consolés ». Nous ne sommes pas seuls à courir des dangers, puisque vous vous associez vous-mêmes à nos souffrances.
2. En se les associant ainsi dans les dangers qu’il court, en trouvant en eux-mêmes la cause de ses propres consolations, il adoucit tout ce que ses paroles pouvaient offrir d’un peu dur. Si donc on nous dresse des embûches, rassurez-vous : C’est pour que votre foi se fortifie, que nous endurons tous ces maux. Si nous sommes consolés, vous pouvez vous en glorifier. C’est à cause de vous que nous goûtons ces consolations ; vous aussi vous serez consolés, puisque vous partagez notre joie. Entendez bien ici la nature de ces consolations : non seulement la conduite des Corinthiens le console ; mais il se réjouit de penser qu’ils sont désormais délivrés de toute espèce de trouble à son sujet. Voyez les paroles qui suivent où i1 leur dit ouvertement : « Nous savons que, partageant nos souffrances, vous partagerez aussi notre consolation ». Vous souffrez de nos persécutions, comme si vous les subissiez vous-mêmes ; nous ne pouvons en douter, les consolations que nous éprouvons, causent à vos cœurs autant de jouissances qu’aux nôtres. Où trouver plus d’humilité ? Cet homme, environné de tant de périls, veut bien associer à ses mérites ceux qui n’y ont aucune part ; quant aux consolations, c’est à cause d’eux qu’il les éprouve, et nullement en vue de ses travaux. Il parlait de ses souffrances en général ; maintenant