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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/206

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heureux, avant tout fuyons le vice, et recherchons la vertu : convaincus qu’il n’y a pas d’autre moyen de parvenir au bonheur, fussions-nous même assis sur le trône. Aussi Paul disait-il : « Les fruits de l’Esprit sont la charité, la joie, la paix ». (Gal. 5,22) Entretenons donc ces fruits en nous, afin de posséder la joie ici-bas, et d’obtenir le royaume éternel, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec qui la gloire est au Père en même temps qu’au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE II.


PREMIÈREMENT, JE RENDS GRÂCES À MON DIEU PAR JÉSUS-CHRIST, POUR VOUS TOUS, DE CE QUE VOTRE FOI EST ANNONCÉE DANS TOUT L’UNIVERS. (8 JUSQU’A 17)

Analyse.

  • 1. Comment l’on doit rendre grâces à Dieu.
  • 2. L’Apôtre exprime aux Romains les sentiments de tendresse qui l’animent envers eux. – Le culte évangélique, culte spirituel opposé à celui des païens et supérieur à celui des Juifs.
  • 2. Ménagements pleins de délicatesse auxquels l’Apôtre a recours pour ne blesser personne. – Le secours de la grâce ne doit pas empêcher la volonté d’agir.
  • 4. La foi déjà prêchée par tout l’univers.
  • 5. Modestie de saint Paul.
  • 6. Ne pas rougir de l’Évangile. – Le juste vit de foi. – Ne pas demander compte à Dieu de ses commandements.


1. Début bien digne de cette âme bienheureuse, et propre à nous apprendre à tous à offrir à Dieu les prémices de nos paroles et de nos bonnes œuvres, à lui rendre grâces non seulement pour nos succès, mais pour ceux des autres : ce qui est le moyen de purifier l’âme de l’envie et de la jalousie, et ce qui attire particulièrement la bienveillance de Dieu aux cœurs reconnaissants. Aussi dit-il encore ailleurs : « Béni le Dieu et Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle ». (Gal. 1,3)
La reconnaissance est un devoir non seulement pour les riches, pour ceux qui jouissent de la santé, pour ceux qui vivent dans la prospérité, mais encore pour les pauvres, pour les malades, pour ceux que l’adversité afflige. En effet rien d’étonnant à ce que nous rendions grâces à Dieu quand le vent favorable enfle nos voiles ; mais le remercier quand la tempête soulève les flots, quand le vaisseau est ballotté et menacé de périr, c’est là une grande preuve de patience et de reconnaissance. C’est pour cela que Job fut couronné, qu’il ferma la bouche insolente de Satan, et fit voir clairement que sa reconnaissance au sein de la prospérité n’avait point la fortune pour mobile, mais bien un grand amour de Dieu. Et voyez de quoi Paul est reconnaissant : non pas de biens terrestres et périssables, comme seraient l’autorité, la puissance, la gloire (car tout cela est sans valeur), mais des biens réels, de la foi, de la liberté. Voyez aussi avec quelle affection il rend grâces ! Il ne dit pas : à Dieu, mais « à mon Dieu », suivant en cela l’usage des prophètes qui s’approprient Dieu, le bien commun. Et peut-on s’en étonner