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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/23

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bienfaits qu’on a reçus soi-même. David nous en a donné l’exemple : « Louez le Seigneur avec moi, et ensemble célébrons la sainteté de son nom ». (Ps. 33,4) C’est ce que réclame sans cesse l’apôtre. Suivons ce conseil, publions partout les bienfaits de Dieu, pour associer tous nos frères aux actions de grâces que nous lui rendons. Quand nous publions les bienfaits que nous avons reçus des hommes, n’augmentons-nous pas leur bienveillance à notre égard ? Publions les bienfaits de Dieu, et nous nous ménagerons de sa part une plus grande bienveillance. Et si après avoir obtenu des hommes quelques faveurs, nous invitons les autres à joindre leurs remerciements aux nôtres, ne devons-nous pas, à plus forte raison, presser nos frères de s’unir à nous pour remercier le Seigneur ? Paul le faisait, lui (lui – s’approchait de Dieu avec tant de confiance ; à plus forte raison, sommes-nous obligés de le faire nous-mêmes.
5. Prions les saints, conjurons-les de remercier Dieu pour nous, et remercions-le aussi les uns pour les autres. C’est surtout le devoir des prêtres : il n’est pas une fonction plus élevée que celle-là. Quand nous montons à l’autel, nous commençons par rendre grâces au Seigneur au nom du monde tout entier pour les bienfaits communs que tous ont reçus de sa munificence. Sans doute tous ensemble jouissent de ces bienfaits ; mais n’en avez-vous point votre part ? Donc pour cette part qui vous est faite, vous devez vous associer aux communes actions de grâces ; et il est juste aussi qu’en votre particulier, vous remerciiez Dieu de ce qu’il étend ses bienfaits à tous les hommes. Ce n’est pas seulement pour vous qu’il a allumé le soleil dans le firmament, mais pour tous en général ; toutefois vous en jouissez aussi complètement que s’il eût été créé pour vous seul. C’est pour l’utilité de tous que Dieu l’a fait si grand ; et vous le voyez à vous seul aussi grand que tous les mortels ensemble. D’où il suit que votre reconnaissance doit égaler la commune reconnaissance du genre humain tout entier. Oui, vous devez remercier Dieu de ces bienfaits communs à tous les hommes, vous devez le remercier pour la vertu des autres. D’ailleurs ces bienfaits que Dieu nous accorde, ne tournent-ils pas aussi à l’avantage de nos frères ? S’il y avait eu seulement dix justes dans Sodome, Sodome eût obtenu son pardon. Remercions Dieu des mérites de nos frères c’est une antique loi, qui a pris racine dans l’Église. Saint Paul ne rend-il pas grâces pour les Romains, pour les Corinthiens, pour l’univers entier ? Ne dites pas : Cette belle action n’est pas mon fait. Mais son auteur n’est-il pas comme vous un membre de l’Église, et n’est-ce pas assez pour que vous exprimiez à Dieu votre reconnaissance ? Cette belle conduite, vous vous l’appropriez par vos actions de grâces, vous vous ménagez les faveurs du ciel, et vous acquérez des droits à la récompense.
Aussi les lois de l’Église prescrivent-elles de prier de la sorte non seulement pour les fidèles, mais aussi pour les catéchumènes. L’Église, en effet, ne commande-t-elle pas aux fidèles de prier pour ceux qui ne sont pas encore initiés aux saints mystères ? Quand le diacre dit : « Prions avec ferveur pour les catéchumènes », ne se propose-t-il pas d’exciter la multitude des fidèles à prier pour eux ? Cependant les catéchumènes ne font pas encore partie de l’Église ; ils ne sont pas encore membres de Jésus-Christ ; ils ne participent pas aux saints mystères, ils sont encore séparés du troupeau spirituel. Si donc il faut prier pour les catéchumènes, à plus forte raison faut-il prier pour ceux qui sont avec nous les membres d’un même corps. Le diacre dit : « Prions avec ferveur », pour que vous ne les rejetiez pas comme des étrangers, pour que vous ne les laissiez pas à l’écart, comme des inconnus. Eux, ils n’ont pas encore cette prière enseignée par Jésus-Christ et que la loi chrétienne nous impose : ils ne peuvent encore s’approcher de Dieu avec une filiale confiance, et ils ont besoin d’être aidés par ceux qui ont reçu le baptême. Ils se tiennent hors des demeures royales, loin de l’enceinte sacrée. Aussi les éloigne-t-on ; quand arrive le moment des redoutables prières. Le diacre vous exhorte donc à prier pour eux, afin qu’ils deviennent vos membres, et cessent d’être des étrangers et des profanes. Cette parole : « prions » s’adresse au peuple aussi bien qu’aux prêtres. Quand il dit : « Ayons une attitude respectueuse et prions », il vous invite tous à la prière. Puis il commence en ces termes : « Afin que le Dieu clément et tout miséricordieux exauce leurs demandes ». Ne dites pas : « A quoi sert-il de prier pour eux ? » Ce sont des étrangers, ils ne