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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/24

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font point partie de notre communion : : comment obtenir pour eux les grâces du Seigneur ? Comment leur obtenir miséricorde et pardon ? Non, loin de vous une pareille hésitation : qu’elle cède devant ces paroles : « Afin que le Dieu clément et tout miséricordieux », entendez-vous ? « Le Dieu tout miséricordieux ». Donc n’hésitez plus : le Dieu tout miséricordieux étend sa miséricorde à tous les hommes, aux pécheurs comme à ses amis. Ne dites donc plus : Comment prierai-je pour eux ? Dieu exaucera les prières faites pour eux. Et que peuvent demander les catéchumènes, sinon de ne pas rester catéchumènes.
Ensuite le diacre explique le sens de la prière ; et quel est-il ? « Afin, ajoute le diacre, qu’il ouvre les oreilles de leur cœur » ; – car elles sont encore fermées et obstruées ; non pas certes les oreilles du corps, mais celles de l’âme. – « Afin qu’ils apprennent ce que l’œil n’a point vu, ce que l’oreille n’a point entendu, ce que le, cœur de l’homme n’a point senti ». Ils ne savent rien encore des sacrés mystères ; mais ils se tiennent à l’écart pendant qu’on les célèbre ; entendraient-ils, qu’ils ne comprendraient point ce qui se dit : il ne suffit pas en effet de les entendre, il faut en avoir l’intelligence, et les oreilles de leurs cœurs sont encore fermées. Aussi le diacre, demande-t-il pour eux le don de prophétie. Voici en effet ce que disait le prophète : « Dieu enseigne à ma langue le moment où elle doit parler : c’est lui qui m’ouvre la bouche ; dès le matin il m’a fait cette grâce, et il m’a donné une oreille qui entend bien ». (Is. 50,4-5) De même que les prophètes entendaient autrement que les autres ; de même les fidèles entendent autrement que les catéchumènes. Aussi enseignons-nous au catéchumène que ce n’est point des hommes que lui vient la science et l’intelligence : « N’appelez personne maître sur la terre », mais d’en haut, mais du ciel ; « tous », dit l’Écriture, « seront instruits par Dieu lui-même ». (Mt. 23,8 ; Is. 54,13) Et le diacre ajoute : « Afin qu’il fasse résonner en eux la parole de vérité ». C’est d’une voix intérieure que leur vient l’enseignement. Car cette parole de vérité, ils ne la connaissent point encore comme il faut. « Afin qu’il répande sa crainte, comme une semence, dans leurs âmes ». Mais cela ne suffit pas, car la semence peut tomber sur le chemin ou sur la pierre.
6. Ce n’est certes point là seulement ce que nous demandons. Mais, de même qu’une terre fertile est renouvelée par les profonds sillons qu’y creuse la charrue, de même leurs âmes doivent être renouvelées pour recueillir la semence et retenir fidèlement tout ce qu’ils entendront : telle est le sens de notre prière. Écoutez ce qui suit : « Afin qu’il affermisse la foi dans leurs cœurs » ; c’est-à-dire, afin qu’elle ne reste pas 'à la surface, mais qu’elle y jette de profondes racines. « Afin qu’il leur révèle l’Évangile de la justice ». Cet Évangile, un double voile leur en dérobe la vue ; d’abord les veux de leurs âmes sont fermés ; ensuite l’Évangile est comme caché pour eux. C’est pourquoi le diacre disait tout à l’heure : « Afin qu’il ouvre les oreilles de leurs cœurs ». Et maintenant il ajoute : « Afin qu’il leur révèle l’Évangile de la justice », c’est-à-dire, afin qu’il leur donne la sagesse et les dispose à recevoir la grâce ; afin qu’il les instruise et jette dans leurs cœurs la bonne semence. A quoi leur servira-t-il d’être préparés, si Dieu ne leur en communique la science ; et à quoi leur servira cet enseignement, s’ils ne veulent pas le recevoir ? Aussi demandons-nous au Seigneur d’ouvrir leurs âmes et de leur apprendre l’Évangile. Qu’un ornement royal soit recouvert d’un voile, en vain regarderez-vous ; vos yeux ne l’apercevront pas ; qu’on soulève le voile, vous ne l’apercevrez pas davantage, si vous ne tournez vos regards de ce côté. Or, que nos catéchumènes le veuillent, et le voile sera levé et leurs yeux seront ouverts.
Que signifient ces paroles : « l’Évangile de la justice ? » C’est comme si l’on disait « l’Évangile qui justifie ». Elles ont pour effet d’exciter en eux le désir du baptême, en leur montrant que non seulement l’Évangile remet les péchés, mais qu’il donne aussi la justice. « Afin qu’il, leur donne une âme toute divine, « de sages pensées, et une vie vertueuse ». Entendez, fidèles, vous qui vous livrez tout entiers aux affaires de ce monde. Si l’Église nous prescrit de prier ainsi pour ceux qui n’ont pas encore reçu le baptême, dites-moi comment doivent se conduire ceux qui sollicitent ces grâces pour les autres ? Ne devons-nous pas rendre notre vie conforme à l’Évangile ? Aussi, dans cette prière pour les catéchumènes, passons-nous de l’enseignement à la