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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/235

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il répond que la circoncision ce sont les bonnes œuvres, l’incirconcision, les mauvaises ; et comme il a d’abord fait passer à la circoncision l’incirconcis qui fait le bien, et à l’incirconcision le circoncis qui vit dans le mal ; il donne ainsi naturellement la victoire à l’incirconcis. Il ne dit cependant pas : à l’incirconcis, mais il exprimé la chose même, en disant : « Son incirconcision ne devient-elle pas circoncision ? » Il ne dit pas ; est imputée, mais « devient », ce qui est plus expressif ; de même que plus haut il n’a pas dit : La circoncision est imputée à incirconcision, mais « devient » incirconcision. « Et celui qui est naturellement circoncis condamnera ». Voyez-vous qu’il reconnaît deux incirconcisions, l’une de la nature et l’autre de la volonté ? Ici cependant il parle de celle de 1à nature, mais il ne s’en tient pas, là, car il ajoute : « Celui qui accomplit la loi te condamnera, toi qui, avec la lettre et la circoncision, es prévaricateur de la loi (27) ». Voyez la délicatesse de sa prudence. Il ne dit pas que l’incirconcision naturelle, jugera la circoncision, mais il l’amène sur le point même où elle est victorieuse. Puis quand il y a défaite ; ce n’est pas la circoncision elle-même qu’il déclare vaincue, mais le Juif circoncis, évitant les expressions qui pourraient blesser son auditeur. Et il ne dit pas : toi qui as la loi et la circoncision, mais en termes plus doux : « Toi qui, par la lettre et la circoncision, es prévaricateur de la lettre », c’est-à-dire cette incirconcision venge la circoncision, car celle-ci a été outragée ; elle vient au secours de, la loi, car la loi a été violée ; et il dresse ainsi un glorieux trophée. C’est en effet un – éclatant triomphe que de faire juger le Juif non par le Juif, mais par l’incirconcis, comme il a été dit : « Les Ninivites se lèveront et condamneront cette génération » (Mt. 12,41). Il ne déshonore donc point la loi qu’il respecte beaucoup au contraire, mais le transgresseur de la loi.
Ensuite, après avoir démontré tout cela, il définit hardiment ce que c’est que le Juif : et fait voir que ce n’est point le Juif, mais celui quine l’est pas ; que ce n’est pas la circoncision, mais l’incirconcis, qu’il repousse. Il semble prendre en mains la cause de la circoncision, mais en jugeant d’après le fait, il la déprécie. non seulement il démontre qu’il n’y a pas de différence entre le Juif et l’incirconcis, mais que celui-ci l’emporte, s’il veille attentivement sur lui-même, et qu’il est le vrai Juif ; c’est pourquoi il ajoute : « Car le Juif n’est pas celui qui le paraît au-dehors, ni la circoncision celle qui se voit à l’extérieur sur la chair ». Ici il s’adresse à ceux qui font tout pour l’apparence. « Mais le Juif est celui qui l’est intérieurement, et la circoncision est celle du cœur, faite en esprit et non selon la lettre… (28, 29) ».
4. Par ces paroles il exclut tout ce qui est corporel. La circoncision, les sabbats, les sacrifices, les purifications étaient extérieurs toutes choses qu’il a en vue, quand il dit : « Car le Juif n’est pas celui qui le paraît au-dehors ». Mais comme la circoncision avait une grande importance, au point que le sabbat même lui cédait la place, c’est avec raison qu’il s’étend davantage sur elle. En disant « Celle du cœur », il ouvre la voie aux institutions de l’Église et prépare à la foi : car c’est celle qui est dans le cœur et dans l’esprit que Dieu approuve. Et pourquoi n’a-t-il pas démontré que le gentil qui fait le bien n’est pas au-dessous du Juif qui fait le bien, mais seulement que le gentil qui fait le bien l’emporte sur le Juif prévaricateur ? Pour rendre sa victoire incontestable. Car, ce point une fois admis, la circoncision de la chair est nécessairement mise de côté, et la nécessité des œuvres devient évidente. En effet si le Grec se sauve sans cela, et si le Juif se perd avec cela, c’en est fait du judaïsme. Or pour Paul le gentil n’est point l’idolâtre, mais l’homme pieux, vertueux, non assujetti aux observances légales. « Qu’est-ce, donc que le Juif a de plus ? » (3, 1)
Après qu’il a tout rejeté, la connaissance de la loi, l’enseignement, le nom de Juif, la circoncision, et tout le reste, en disant : « Le Juif n’est pas celui qui le paraît au-dehors, mais celui qui l’est intérieurement », il voit se dresser une objection et il se met en devoir de lui faire face. Quelle est-elle ? Si tout cela, dira-t-on, ne sert à rien, pourquoi la nation a-t-elle été appelée et la circoncision a-t-elle été donnée ? Que fait Paul, et comment la réfute-t-il ? Comme il a réfuté les autres. Car comme plus haut il ne fait point l’éloge des Juif, ne vante point leurs mérites, mais seulement les bienfaits de Dieu, puisque le nom de Juif, la connaissance de la volonté divine, l’appréciation des choses utiles, n’étaient point