Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pratique. Après avoir dit : « Afin qu’il leur révèle l’Évangile de la justice », le diacre ajoute aussitôt : « Afin, qu’il leur donne une âme toute divine ». Qu’est-ce à dire : « toute divine ? » c’est-à-dire : « Afin que Dieu habite dans leurs âmes ». – « Car », dit le Seigneur, « j’habiterai au dedans d’eux, et j’y marcherai ». (Lev. 26,12) L’âme, une fois douée de justice, et dépouillée de ses péchés, devient la maison de Dieu ; en elle plus rien d’humain, dès qu’il y a fixé son séjour. C’est ainsi que l’âme est comme divinisée ; tout ce qu’elle dit lui est pour ainsi dire inspiré par le Seigneur, qui l’a choisie pour en faire sa demeure.
Donc il n’a pas une âme divine, celui qui tient de mauvais discours ; il n’est pas sage, celui qui met son bonheur dans d’indécentes bouffonneries. Qu’est-ce donc que posséder la sagesse ? C’est avoir l’âme saine. L’esclave des mauvaises passions, celui qui soupire après les biens de cette vie, n’est point sage ; son âme est malade. L’homme dont le corps est malade ne recherche-t-il pas ce qui ne peut lui convenir ? C’est ce que fait aussi l’âme dont je parle. « Une vie toujours vertueuse ». La doctrine appelle l’action. Écoutez, vous qui, pour recevoir le baptême, attendez que vous soyez mourants. Nous demandons que vous fassiez le bien après votre baptême ? Et vous, au contraire, vous voulez absolument sortir de ce monde sans avoir fait aucune action chrétienne. Il ne suffit pas d’être juste seulement par la foi. Nous demandons que vous le soyez aussi par vos bonnes œuvres. « Pour songer sans cesse aux choses de Dieu, pour les rechercher sans cesse, pour les mettre sans cesse eu pratique », ce n’est pas en effet pour un jour ou deux seulement, mais pour toute la durée de la vie que nous demandons cette sagesse et cette vertu, et ce qui est la source de tout bien, les bons désirs. « La plupart, en effet, recherchent ce qui leur convient, et non pas ce qui appartient à Jésus-Christ. » Et comment former ces bons désirs ? Il faut joindre à la prière la bonne volonté. « Si jour et nuit nous étudions sa Loi ». Aussi le diacre demande-t-il ensuite que les catéchumènes « s’appliquent jour et nuit à la Loi du Seigneur ». Il disait plus haut « sans cesse », il dit maintenant « jour et nuit » ; c’est le même sens. C’est pourquoi je m’afflige à la pensée que certains chrétiens se montrent à peine une fois l’an dans l’Église. Comment les excuser ? On leur fait une loi d’étudier, ce n’est pas assez dire, de méditer jour et nuit la Loi de Dieu ; et ils refusent d’employer même une faible partie de leur vie à se souvenir de ses préceptes et à garder ses justices !
7. Comme toutes ces demandes se suivent bien, s’enchaînent bien les unes avec les autres ! Pas de chaîne d’or plus solide et plus belle. On demande d’abord une âme toute divine, et on dit ensuite ce qu’il faut pour l’obtenir. Que devons-nous donc taire ? Il faut sans cesse s’appliquer aux choses de Dieu. Et comment y arriver ? En méditant sans cesse sa loi sainte. Comment y amener les hommes ? En leur persuadant d’observer les commandements ; ou plutôt c’est la méditation de la Loi divine qui engendre l’observation des commandements ; comme aussi le zèle des choses de Dieu, la sanctification de l’âme, font qu’on s’y applique. En effet, chacune des choses dont nous venons de parler en produit une autre, qui, à son tour, reproduit la première ; et elles sont comme renfermées l’une dans l’autre. « Prions encore pour eux avec plus de ferveur ». D’ordinaire un long discours fatigue l’âme et l’endort. Ces paroles sont dites pour la réveiller. C’est qu’il faut demander de grandes faveurs, des grâces signalées ; et c’est pourquoi il est dit : « Prions pour eux avec plus de ferveur ». Que va-t-il donc solliciter ? « Que le Seigneur les délivre de tout mal et de toute action funeste ».
Ici nous demandons qu’ils n’entrent point en tentation et que Dieu préserve du danger leurs corps aussi bien que leurs âmes. Et c’est pourquoi le diacre ajoute : « Que Dieu les préserve de toute action diabolique, et de toutes les embûches de l’ennemi ». Paroles qui indiquent clairement les tentations et les péchés. Car le péché assiège l’homme, il l’entoure de tous côtés, par-devant, par-derrière, et cherche à le renverser. Après nous avoir mis sous les yeux nos obligations, après nous avoir rappelé que nous devons étudier la Loi de Dieu, nous souvenir de ses préceptes et observer ses justices, on nous avertit que tout cela est insuffisant, si Dieu ne nous vient en aide. « En effet, si le Seigneur ne construit la maison, en vain travaillent ceux qui veulent la construire ». (Ps. 126,1) Et si le secours d’en haut est nécessaire, n’est-ce pas surtout