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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/249

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errant, dans le but de vous procurer la vie éternelle.

Ne le dédaignez donc pas : il ne demande pas à être nourri, mais à nourrir ; à être vêtu, mais à vêtir, à vous préparer un manteau d’or, un vêtement royal. Ne voyez-vous pas les médecins les plus dévoués, quand ils font prendre un bain aux malades, le prendre eux-mêmes, bien qu’ils n’en aient pas besoin ? Ainsi le Christ fait tout pour vous qui souffrez. Voilà pourquoi il n’exige rien de vous par force, afin de vous rendre davantage, pour vous apprendre que, s’il demande, ce n’est pas pour ses besoins, mais pour les vôtres. Voilà pourquoi, il vient à vous en haillons et vous tend la main ; si vous lui donnez une obole, il ne se détourne pas ; si vous le méprisez, il ne s’éloigne pas, mais se rapproche encore ; car il désire, il désire, vivement notre salut. Méprisons donc les richesses pour n’être point méprisés par le Christ ; méprisons les richesses, pour les posséder elles-mêmes. Car si nous les conservons ici-bas, nous les perdrons entièrement, et pour cette vie et pour l’autre ; mais si nous les distribuons généreusement, nous jouirons dans les deux vies d’une grande abondance. Que celui donc qui veut devenir riche, s’appauvrisse pour s’enrichir ; qu’il dépense pour amasser ; qu’il disperse pour recueillir. Que si cette doctrine vous semble nouvelle et étrange, voyez l’homme qui sème, et dites-vous à vous-même que le seul moyen qu’il ait de multiplier son grain est de disperser celui qu’il a, de répandre ce qui est sous sa main. Semons donc, nous aussi, et cultivons le champ du ciel, afin de nous procurer une moisson abondante et d’obtenir les biens éternels par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ avec qui la gloire, l’empire, l’honneur, appartiennent au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.




HOMÉLIE VIII.


QUEL AVANTAGE DIRONS-NOUS DONC QU’ABRAHAM, NOTRE PÈRE, A EU SELON LA CHAIR ? CERTES, SI ABRAHAM A ÉTÉ JUSTIFIÉ PAR LES ŒUVRES, IL A DE QUOI SE GLORIFIER, MAIS NON DEVANT DIEU. (IV, JUSQU’À 22)



Analyse.
  • 1 et 2. La doctrine de la justification par la foi peut être prouvée même par l’Ancien Testament : en effet, Abraham et David ne furent pas justifiés en vertu des seules œuvres de la loi, mais à cause de leur foi.
  • 3. C’est à raison de cette foi qu’Abraham avait, même avant qu’il fût circoncis, qu’il est devenu le père des croyants circoncis et incirconcis.
  • 4. C’est la foi qui lui a valu, ainsi qu’à ses descendants, d’être l’héritier des promesses divines. 5. Étonnante foi d’Abraham.
  • 6-8. Bonheur de l’homme qui peut en quelque chose procurer la gloire de Dieu. – Que l’incrédulité est une marque de bassesse. – Procurer la gloire de Dieu est notre souverain bien ; le faire blasphémer est le pire mal. – C’est dans les biens de ce monde que le démon s’embusque pour nous tendre des pièges. – Un sûr moyen de faire fuir cet ennemi c’est d’invoquer le nom de Jésus. – C’est surtout parle manque de foi que nous différons des grands saints. – Dieu parle par la bouche d’un chrétien fidèle. – L’Orateur déplore éloquemment les divisions qu’il voit parmi les chrétiens. – Que nous devons pleurer le mal que se font nos ennemis et non celui qu’ils nous font. – Relever celui qui tombe.

1. Après avoir dit que le monde était coupable devant Dieu, parce que tous avaient péché et qu’on ne peut être sauvé que par la foi, il s’attache ensuite à démontrer que le salut par la foi n’a rien de déshonorant, qu’il est très-glorieux au contraire, et plus grand